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Grany

Grany s'affaire dans la cuisine. Les pommes de terre sont sur le feu, il faudra tout manger. Elle craint qu’on n’en ait pas assez. « Tu en reprendras n’est-ce pas ? Il faut bien manger ! » C'est comme ça depuis toujours chez Grany, depuis la guerre sans doute.


Dans le hall d'entrée, la grande horloge veille mais ne sonne plus. Le temps est suspendu. Le grand Saint-Pierre, debout sur un coffre, reste de bois. Autour de lui, les fleurs abondent, mais ne fanent jamais. Le parquet craque par contre, même sous les pas les plus légers.


Une double porte dévoile une mosaïque de tapis, de souvenirs de voyage et de photos de famille. Un tableau qu’encadrent les doux rayons d'un soleil d'automne. Une boule de cristal trône sur l’appui de fenêtre. Ca dénote, mais Daddy l’a gagnée lors d'un tournoi. A l'opposé, Jean-Paul II pose sur Baudouin 1er un regard bienveillant. De fervents catholiques, comme Grany. Sauf qu'elle a mis du vin dans son eau.


Grany trouve ça amusant, ce portrait. D'habitude, c'est elle qui prend les photos, avec son petit appareil en plastique. Elle demande ce qu'une octogénaire a d'intéressant. Et pourquoi je photographie ces objets, qui sont là depuis longtemps et pour toujours. C'est aussi mon impression, celle qui berce un instant qui durera quelques heures. Ou une éternité.

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